Le
magazine du Club
Nouvelles
Clés
N°
92 - Juin 2005
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Ethnobotaniste, docteur ès sciences
du Muséum national d'histoire naturelle à Paris,
François Couplan enseigne depuis 1975 les utilisations
des plantes sauvages en Europe et aux États-Unis.
Auteur de nombreux ouvrages sur les plantes et la nature,
il a créé l'Institut de recherches sur
les propriétés de la flore. II est aussi
consultant auprès de grands chefs cuisiniers comme
Marc Veyrat, et organise des stages d'initiation aux
plantes sauvages.
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La
nature est un garde-manger abandonné
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Entretien
avec François Couplan
Patrice
Van Eersel : Quand vous dites
qu’on peut
se nourrir de plantes sauvages, comment vous accueille-t-on
?
François Couplan : Pour certains, c'est encore
un mode de vie actuel ! Pour d'autres, c'est un passé récent.
Pour d'autres encore, c'est si lointain que ça
ne veut plus rien dire. Mais il suffit de peu de choses
pour que les liens se renouent, même chez les citadins.
Il n'y a pas besoin de gratter très longtemps
pour retrouver, au-delà de notre passé paysan,
des racines remontant à l'aube de l'humanité.
Attention, on peut se nourrir exclusivement de plantes
sauvages, mais il est indispensable de les connaître
vraiment bien !
Patrice
Van Eersel : Du fait des menaces écologiques,
l’idée que l’on va peut-être
manquer de l’essentiel redonne vie à un
désir d’autosuffisance…
François Couplan : Ce vers quoi nous mènent
les plantes en premier, c'est l'humilité. Sans
cela, on passe à côté ! Vous savez,
paradoxalement, c'est en passant du Paléolithique
au Néolithique, donc d'une alimentation offerte
par la nature à une alimentation produite par
l'homme, c'est-à-dire des plantes sauvages aux
plantes cultivées, que sont nés les deux
problèmes cruciaux avec lesquels l'humanité se
débat depuis lors: la disette et la guerre. A
l'époque paléolithique, l'homme vivant
en équilibre avec son milieu, sa population s'autorégulait
- il n'y avait pas plus de monde qu'il n'en fallait.
A partir du moment où il a décidé de
produire sa nourriture, l'être humain a pu augmenter
sa population, mais simultanément, il a provoqué l'accumulation
de stocks, donc la convoitise et la guerre, et le risque
de disette, parce que si le climat se dégrade,
il y a de mauvaises récoltes… Je trouve
surtout important de contredire l’idée que
nos ancêtres paléolithiques, qui se nourrissaient
de plantes sauvages, de coquillages ou d’escargots,
crevaient tout le temps de faim !
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Souvent,
les glands, riches en glucides, ont été à la base de
l'alimentation de l'homme
Au
cours d'un stage de "cuisine sauvage" : rencontre
entre les participants et les plantes |
Patrice
Van Eersel : Vous proposez des stages de survie et
de « cuisine sauvage »,
sur www.couplan.com
François
Couplan : L'idée est d'abord
de redécouvrir notre environnement, même
s'il n'a l'air de rien, juste sur le pas de notre porte.
On commence par prendre conscience de ce qui existe.
Les gens touchent, goûtent, sentent et découvrent
des sensations très fortes, à leur portée
depuis leur enfance, et qu'ils n'ont jamais explorées.
Ensuite, on cueille quelques-unes de ces plantes et on
en fait un repas. Des choses très classiques,
comme la soupe d'orties, ou moins classiques, comme les
canapés d'orties crues, ou encore plus élaborées,
et je peux vous dire que ça frappe ! Parfois nous
partons en pleine nature, avec juste de quoi bien dormir
et se protéger de la pluie, et on se nourrit de
ce qu’on ramasse. Et là, il se passe des
choses ! On retrouve une relation vieille comme le monde !
Ce
sont les plantes qui sauvent les hommes
:
Les voyages de François Couplan à travers
le monde végétal et humain
Dès
l'enfance, François Couplan s'est intéressé aux
plantes sauvages. Guidé par un oncle,
il sait, très jeune, reconnaître
les feuilles, les baies, les racines ou les
tubercules comestibles. Plus tard, dès
qu'il le peut, il s'en va explorer l'Amérique
du Nord, puis l’Océanie, l'Asie
du Sud-Est, l’Afrique... Partout, sa
connaissance du monde végétal
lui ouvre les portes des autres cultures. A
la manière d'un parcours initiatique,
ces voyages ont fait de lui un sage. Quand
il publie ses premiers livres de cuisine à base
de « mauvaises herbes », des
maîtres queux le repèrent. Il
nous explique que la réconciliation
avec la nature passe d'abord par la redécouverte
de la façon dont elle sait nous nourrir.
La consommation des plantes qu'elle recèle
peut nous aider à vivre en bonne santé jusqu'à un âge
avancé ! Après avoir lu ces pages,
vous n'aurez qu'une idée: suivre l'exemple
de François Couplan. Un vrai trésor
!
Cahiers
photos en couleurs. Reliure souple illustrée.
Format : 15,4 x 24 cm. 468 p.
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